Devant un tour de magie ou une expérience de mentalisme, il y a deux réactions possibles : le charme du mystère ou la recherche du truc. Invité à la première du spectacle "Emprise" de Viktor Vincent, au théâtre Trévise, dans le 9e arrondissement de Paris, je suis passé de l'une à l'autre. Mais dans quel ordre ? D'abord, il fallait oublier Erick Fearson, mon vieux complice du paranormal avec qui j'explore depuis quinze ans les lieux étranges, les arcanes du bizarre et la littérature fantastique. Oublier ses histoires de fantômes, ses talents d'artiste psychique et la curieuse sensation de doute qu'il laisse derrière lui, comme un parfum d'inconnu, après avoir joué habilement avec les secrets de notre cerveau. Je devais aborder cette représentation avec un esprit pur. En toute sincérité, ce fut le cas.
Caché dans l'obscurité du balcon, je suis séduit par le décor feutré, très inspiré des séances occultes ou des cabinets de curiosité du XIXe siècle. Même si le placement est hasardeux dans la salle, où de nombreux invités se sont permis de contourner la file d'attente pour monopoliser les premiers rangs de l'orchestre. Des groupies sans doute. Bref, une ambiance soignée : des tentures rouges, un guéridon, des ampoules-bougies, et autres objets insolites puisés dans l'imaginaire gothique de Tim Burton. D'ailleurs, Viktor Vincent, mentaliste cathodique, semble plus attaché à son marketing victorien qu'à la préparation de ses accessoires. J'y reviendrai. Après un film d'introduction, pour plonger dans l'atmosphère des sociétés secrètes, Viktor Vincent entre en scène. Impeccable comme Derren Brown, le célèbre mentaliste anglais. Son indéniable talent de conteur emporte le public. Je suis comme l'enfant qui froisse le papier du bonbon qu'il a dans la bouche.
Caché dans l'obscurité du balcon, je suis séduit par le décor feutré, très inspiré des séances occultes ou des cabinets de curiosité du XIXe siècle. Même si le placement est hasardeux dans la salle, où de nombreux invités se sont permis de contourner la file d'attente pour monopoliser les premiers rangs de l'orchestre. Des groupies sans doute. Bref, une ambiance soignée : des tentures rouges, un guéridon, des ampoules-bougies, et autres objets insolites puisés dans l'imaginaire gothique de Tim Burton. D'ailleurs, Viktor Vincent, mentaliste cathodique, semble plus attaché à son marketing victorien qu'à la préparation de ses accessoires. J'y reviendrai. Après un film d'introduction, pour plonger dans l'atmosphère des sociétés secrètes, Viktor Vincent entre en scène. Impeccable comme Derren Brown, le célèbre mentaliste anglais. Son indéniable talent de conteur emporte le public. Je suis comme l'enfant qui froisse le papier du bonbon qu'il a dans la bouche.
Mais, jamais choisi pour une expérience, en dehors du coup, je m'ennuie. Spectateur passif et impassible, je contemple, parfois amusé, les numéros de lecture de pensée. Ou de détournement d'attention ? Plutôt bien maîtrisés. Les fondamentaux du mentalisme fleurent bon les probabilités. Normal pour un ingénieur féru de mathématiques. Choisis au hasard par un lancer d'ours en peluche ou de frisbee, les candidats se prêtent au jeu. Un jeune homme en tee-shirt à l'effigie de Marilyn Monroe, un retraité chauve plein d'humour, un cadre grisonnant en chemise-cravate et une jolie jeune femme à la robe longue et au collier en forme de pendule. On dirait le Cluedo. Complice ou hypnose ? Que sais-je ? L'inquiétante étrangeté opère. Et là, selon la formule consacrée d'une célèbre émission de télé, c'est le drame. L'expérience qui foire. Le moment de solitude. L'instant où tout bascule. Au terme d'un suspense monté en épingle, un numéro se conclut sur un coffre vide. Vide de prédiction. Le voile se déchire. Viktor Vincent est figé dans son embarras. Il tente une pirouette. Mais le charme est rompu. Bien évidemment qu'il y a une technique derrière ces illusions. Mais là, c'est flagrant.
Alors, je repasse le film en boucle, gratte les dorures pour trouver le bois vermoulu. Tous les défauts font surface. La colle a traversé l'affiche. Trop de papier, pas assez de bonbon. Pris dans la faille, je m'impatiente, j'ai chaud, je regarde ma montre. J'ai l'impression d'avoir changé de place. Comme si, depuis les fauteuils de côté, interdits au public par une corde, on pouvait apercevoir le subterfuge. A l'époque où j'accompagnais Erick sur ses spectacles de close-up, véritable école de l'empathie au plus près du public, je me gardais bien de lui demander des explications. La force du mentalisme, c'est de faire oublier les engrenages. D'être emporté dans un rêve éveillé, de trembler face à l'impertinence de l'artiste qui sonde les esprits et les coeurs, jusqu'à toucher la corde sensible de notre vécu. Le mentaliste, c'est d'abord un poète de l'intériorité, l'orfèvre de notre inconscience, archi-prêt et ultra-concentré. Or, il n'est jamais jugé sur la manière dont il tombe. Mais celle dont il se relève.
Olivier Valentin
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