Notre envoyé spécial au dernier Festival du Film Asiatique de Deauville, Erick Fearson, n'a pas vu de film de fantôme cette année. Pas de revenants, ni de paranormal. La véritable hantise, c'était la possibilité d'une ère post-apocalyptique avec "The land of hope", sur les écrans ce mercredi, qui met en perspective la catastrophe nucléaire de Fukushima. A la clef, des questions philosophiques sur la résilience. Finalement, la force du surnaturel ne serait-elle pas en l'homme, tout simplement ?
Qui se souvient du film américain "Le Jour d'après" (The Day After) sortie en 1983 et réalisé par Nicholas Meyer et du docu-fiction Britannique "La Bombe" (1965) de Peter Watkins ? La particularité de ces deux œuvres qui ont frappé les esprits en leur temps est qu’ils appartiennent à la catégorie des œuvres de science-fiction post-apocalyptiques. Ces films entendent proposer au public des hypothèses d'un monde post-catastrophe, et en particulier en ce qui concerne ces deux oeuvres, à la vie après une catastrophe nucléaire.
Qui se souvient du film américain "Le Jour d'après" (The Day After) sortie en 1983 et réalisé par Nicholas Meyer et du docu-fiction Britannique "La Bombe" (1965) de Peter Watkins ? La particularité de ces deux œuvres qui ont frappé les esprits en leur temps est qu’ils appartiennent à la catégorie des œuvres de science-fiction post-apocalyptiques. Ces films entendent proposer au public des hypothèses d'un monde post-catastrophe, et en particulier en ce qui concerne ces deux oeuvres, à la vie après une catastrophe nucléaire.
Quelques décennies plus tard et pour le plus grand malheur de l’humanité, ce thème, tristement d’actualité après la terrible catastrophe de Fukushima survenue en mars 2011, ne fait plus partie de la science-fiction. Cette année, le réalisateur Sono Sion avec son "Land of Hope" a marqué le festival 2013 du film asiatique de Deauville. Arrêt sur images sur cette œuvre cathartique dépeignant la réalité quotidienne des victimes de Fukushima.
Sono Sion, le cinéaste et poète de la contre-culture
Japonaise, l’artiste anarchiste et rebelle que je considère un peu comme le
Alexandro Jodorowsky nippon, nous livre ici une œuvre puissante. Un
long-métrage que les aficionados du réalisateur pourraient trouver trop
conventionnel tant Sono Sion nous avait habitué à des œuvres autrement plus
débridées et déjantées ! Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur "Cold Fish" qui avait remporté en 2011 le prix de la critique à ce
même festival. Mais
il serait stupide ici de comparer "The land of Hope" aux précédents
films du réalisateur Japonais. Aucun litre d’hémoglobine, pas de cadavres
victimes de la catastrophe, ni même d’effets spéciaux à trois millions de dollars…
Rien de tout cela et c’est tant mieux. Sono Sion a choisi cette fois la
sobriété, ce qui rend d’autant plus fort le propos du film. Autant le dire de
suite : ce film est LE film du
festival. Celui qui surclasse tous les autres !
Il y a quelques décennies on aurait rangé ce film dans la
catégorie "science-fiction" ou plus précisément on l’aurait vu
comme un film d’anticipation apocalyptique. Apocalyptique il l’est. Seulement,
il ne s’agit plus là d’un film de science-fiction. Aussi effrayant que soit ce
long-métrage, il est bien question aujourd’hui d’une triste et terrible réalité.
C’est bien ce qui donne toute sa force à "Land of Hope".
Bouleversant ! C’est le qualificatif qui résume à lui
seul l’œuvre habitée d’une tragique poésie du réalisateur Japonais Sono Sion.
Ce film poignant de bout en bout nous montre le quotidien post-apocalyptique d’une
population perdue et sacrifiée. Une population atomisée, bouleversée et
déchirée suite à une catastrophe nucléaire sans égale. On ne peut s’empêcher
évidemment de faire le parallèle avec l’incommensurable catastrophe de
Fukushima survenu le 11 mars 2011. Un film choc, un film coup de poing plus réel
et bien plus terrible que la fiction. Et cette terrifiante réalité nucléaire qui
pourrait être la nôtre demain, qui sera la nôtre ai-je envie de dire, a un goût
bien amer. Car c’est bien de cela dont il s’agit.
A travers les protagonistes du film, le réalisateur nous invite à nous poser quelques questions cruciales face à une telle catastrophe : en notre âme et conscience, que ferions-nous si demain une centrale nucléaire explosait sur notre territoire ? Comment faire face à un ennemi monstrueux invisible et insidieux présent en permanence ? Que faire face à un ennemi qui ronge chaque cellule de notre corps et qui nous condamne lentement mais sûrement dans une lente agonie à une mort certaine ? Où fuir quand cet ennemi est partout où que nous allions ?
En l’absence d’échappatoire, les alternatives ne sont pas nombreuses : si on exclue le geste fatal d’en finir, il nous faudrait vivre dans une angoissante et terrifiante attente avec, au-dessus de nos têtes, l’épée de Damoclès. Sachant cela, comment dans ce cas ne pas sombrer dans une folie sans espoir de retour ? L’œuvre de Sono Sion nous invite à penser que ce terrible constat ne doit pas nous pousser au désespoir. Bien au contraire, c’est l’occasion de donner un sens à notre destin et de l’assumer comme le fait chaque Japonais aujourd’hui. En dépit du drame quotidien provoqué par la centrale de Fukushima et qui perdure depuis deux ans maintenant, ce long-métrage nous pousse à vivre malgré tout. A travers un cri de rage et de désespoir Sono Sion nous montre avec "The land of hope" (Terre d’espoir) qu’il peut, qu’il doit exister de l’espoir : « Selon les spectateurs, le dénouement semble désespérée ou, au contraire, permet une lueur d’espoir. Mais si chacun y met un peu du sien, il est possible que l’espoir revienne. »
A travers les protagonistes du film, le réalisateur nous invite à nous poser quelques questions cruciales face à une telle catastrophe : en notre âme et conscience, que ferions-nous si demain une centrale nucléaire explosait sur notre territoire ? Comment faire face à un ennemi monstrueux invisible et insidieux présent en permanence ? Que faire face à un ennemi qui ronge chaque cellule de notre corps et qui nous condamne lentement mais sûrement dans une lente agonie à une mort certaine ? Où fuir quand cet ennemi est partout où que nous allions ?
En l’absence d’échappatoire, les alternatives ne sont pas nombreuses : si on exclue le geste fatal d’en finir, il nous faudrait vivre dans une angoissante et terrifiante attente avec, au-dessus de nos têtes, l’épée de Damoclès. Sachant cela, comment dans ce cas ne pas sombrer dans une folie sans espoir de retour ? L’œuvre de Sono Sion nous invite à penser que ce terrible constat ne doit pas nous pousser au désespoir. Bien au contraire, c’est l’occasion de donner un sens à notre destin et de l’assumer comme le fait chaque Japonais aujourd’hui. En dépit du drame quotidien provoqué par la centrale de Fukushima et qui perdure depuis deux ans maintenant, ce long-métrage nous pousse à vivre malgré tout. A travers un cri de rage et de désespoir Sono Sion nous montre avec "The land of hope" (Terre d’espoir) qu’il peut, qu’il doit exister de l’espoir : « Selon les spectateurs, le dénouement semble désespérée ou, au contraire, permet une lueur d’espoir. Mais si chacun y met un peu du sien, il est possible que l’espoir revienne. »
Un film d’utilité publique à voir absolument, en gardant à
l’esprit que demain vous pourriez être à la place du peuple Japonais. Bien plus
rapidement que vous ne le pensez.
Erick Fearson
>> Lire l'intégralité du carnet de bord d'Erick Fearson au Festival 2013 du Film Asiatique de Deauville
>> La bande-annonce de "The land of hope"
Erick Fearson
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>> La bande-annonce de "The land of hope"
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