mercredi 24 mars 2010

Ceci est mon sang...


Une fois de plus, me voici de retour pour le 12e Festival du Cinéma Asiatique de Deauville. Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit mot à l’attention des organisateurs : rendez-nous le Village Asia, son bar et surtout ses machines à café (indispensables pour tenir le coup) ! Ce détail mis à part (mais qui garde son importance !), l’organisation était parfaite, comme chaque année.
Qu’en est-il du cru 2010 ? Une sélection inégale et comme l’an passé, trop peu de films dans la catégorie « Fantastique ». On regrettera aussi la présence de trop peu de membres des films programmés (réalisateur, actrice, acteur…). Néanmoins le festival a révélé quelques pépites. Voici ma sélection des films à voir ou à éviter pour vous aider à faire votre choix, lors de votre prochain passage en salle.

OUI
Symbol (en compétition)
Un japonais se réveille un beau jour dans une immense pièce d’un blanc immaculé, sans portes ni fenêtres, et qui semble se situer dans une autre dimension. Où est-il ? Comment est-il arrivé ici ? Pourquoi est-il prisonnier de cette étrange pièce ? Nul ne le sait ! Fixés sur les murs se trouvent des protubérances en forme de pénis dont on comprend rapidement qu’il s’agit du sexe des Anges. A chaque fois que notre héros appuie sur un pénis, la pièce délivre un objet insolite et enclenche une série d’événements étranges ! Parallèlement à notre héros, on découvre au Mexique la vie d’un catcheur, entouré de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres, dont une nonne qui fume, qui jure et qui conduit plus dangereusement qu’un pilote de rallye ! Quel est le lien entre ce japonais prisonnier de cette insolite pièce blanche et de ces mexicains ? A première vue, aucun. Il faudra attendre la dernière demi-heure du film, qui nous emmènera dans un délire mystique, pour le savoir.
Réalisé par Matsumoto Hitoshi, dont il est aussi l’acteur principal, ce film est un ovni comme seul les japonais savent en faire. Délirant, jouissif et ahurissant sont les mots qui me viennent à l’esprit, pour qualifier cet étrange fable « philosophico-mystique » inclassable, dont le fantastique côtoie un humour burlesque et universel omniprésent. Le passage mettant en scène un magicien ringard et aussi blasé que sa partenaire sans âge, m’a bien fait rire. Notons que Matsumoto Hitoshi dont on se demande s’il n’a pas réalisé son film sous ecstasy est une véritable star comique au Japon. Il nous fait là un one-man-show clownesque, souvent drôle, parfois moins, et nous amène finalement à réfléchir sur nos actes et notre responsabilité individuelle quant au devenir du monde. Personnellement j’ai apprécié ce film, mais je comprends qu’il puisse rebuter ceux dont l’habitude est de consommer du cinéma pré-maché où toute réflexion est annihilée.

PEUT-ÊTRE
The sword with no name (en compétition - catégorie Action)
Histoire d’amour impossible à l’issue tragique, « The sword with no name » du coréen Kim Yong-Kyun, se regarde avec plaisir même s’il ne révolutionne pas le genre. C’est un film en costume d’époque, avec quelques scènes d’action, comme il en existe beaucoup dans le cinéma coréen. L’action se situe sous la Dynastie Joseon et nous narre la romance entre l’impératrice Myung-sung et son garde, tombés éperdument amoureux l’un de l’autre. S’il n’y a aucune source historique concernant cette histoire d’amour, l’impératrice a quant à elle, bien existée. Elle a en son temps favorisé les échanges entre la Corée et l’occident avant de finir assassinée.
Si ce long-métrage est de facture classique et souffre de quelques longueurs, il reste néanmoins efficace. Un petit bémol cependant : les quelques scènes de combat sont enrobées dans un esthétisme de « jeu vidéo » irritant qui en devient ridicule.
Malgré les imperfections de ce film, le jury a décerné à « The sword with no name » le Lotus du meilleur film d’action.

PEUT-ÊTRE
Judge (en compétition)
1997, Nord de la Chine. Qiuwu est condamné à mort pour avoir volé deux voitures. Une coïncidence a voulu que le juge qui a instruit l’affaire ait perdu sa fille dans un accident de voiture perpétré par un voleur de voiture. Mais un changement récent dans les textes de loi peut permettre à Qiuwu d’éviter la peine capitale.
Le Chinois Liu Jie, réalise ici un long-métrage à l’atmosphère froide et étouffante dont le scénario est très bien construit. Cette œuvre explore la machine judiciaire chinoise et ses absurdités, à travers le destin de trois personnages. Malgré ses qualités scénaristiques, le film souffre de certaines longueurs à mon goût. Malgré tout, « Judge » est le grand gagnant du festival, puisque le jury lui a décerné le Lotus du meilleur film.

NON
All to the sea (hors-compétition)
Natsuki travaille dans une librairie. Elle se sent très seule après avoir vécu un passé douloureux, où elle offrait son corps en quête d’amour. Koji est un jeune homme qui vit dans une famille instable et cherche la vérité dans les livres. Un jour le hasard les réunit…
Une comédie romantique réalisée par la japonaise Akane Yamada, qui a adapté à l’écran l’un de ses romans. L’amour véritable existe-t-il réellement ? C’est la question que pose ce film gentillet qui a le goût des « drama », comme il en existe tant à la TV japonaise. Rien d’étonnant à cela si on prend en considération que la réalisatrice, dont c’est ici le premier long-métrage, a travaillé dans la production télévisuelle. Vous l’aurez compris, ce film séduira avant tout, les adolescentes en fleurs habituées à consommer les séries mièvres que la télé diffuse à longueur d’année. Le reproche que je ferais à « All to the sea » est qu’il dégouline trop à mon goût, de bons sentiments qui à la longue deviennent agaçants. Néanmoins, si on réussit à mettre de côté ce défaut, le film se laisse regarder, ne serait-ce que pour apprécier la présence de la très belle Eriko Sato dans le rôle principal. Actrice dont j’avais découvert la beauté et le talent dans « Funuke, show some love, you losers ! », comédie déjanté présentée dans ce même festival il y a trois ans. Gardons à l’esprit que « All to the sea » est destiné avant tout à un public adolescent et de jeunes adultes.

COUP DE COEUR
City of Life and Death (hors-compétition)
Chine, décembre 1937. Le pays est en guerre avec le Japon. Les troupes japonaises arrivent aux portes de Nankin, la capitale du pays…
Réalisé par le chinois Lu Chuan, ce film bouleversant, terriblement poignant et parfois insoutenable revient sur l’effroyable massacre de Nankin exécuté par l’armée impériale du Japon. Ce carnage absolument atroce qui dura six semaines fit, selon les sources, entre 100 000 et 300 000 victimes, civils et militaires confondus. Le 13 décembre 1937, l’armée Japonaise commença à exterminer les Chinois de tous âges qui furent tués à la baïonnette et au sabre pendant que femmes et enfants étaient violés et éventrés
Si j’ai un profond respect pour tous les peuples d’Asie, et en particulier pour le Japon, cet épisode inhumain, honteux et peu glorieux perpétré par l’armée japonaise est naturellement condamnable et impardonnable. Ce long-métrage est magnifique et devrait être vu par tous, ne serait-ce que pour se souvenir que l’homme, quelle que soit sa nationalité, est capable du meilleur, mais aussi de la pire des barbaries. Lu Chuan a fait avec « City of life and death » un travail de mémoire admirable et remarquable. Ce film est d’autant plus remarquable qu’il ne tombe pas dans un manichéisme primaire. En effet, l’intelligence du réalisateur est d’avoir traité ce génocide avec nuance en évitant de dépeindre d’un côté le camp des méchants japonais et de l’autre, les gentils chinois. La démarche de Lu Chuan est de montrer objectivement les faits qui se sont passés à Nankin, et les raisons qui poussent les chinois, aujourd’hui encore, à ressentir de la colère envers les Japonais. Ces derniers ne sont pas dépeints comme des monstres sanguinaires, mais comme de simples humains faillibles. Ce qui a d’ailleurs été reproché au réalisateur par ses compatriotes. C’est d’autant plus courageux de la part de Lu Chuan, que la censure chinoise est là-bas toute-puissante. Il aura fallu attendre un an avant qu’elle ne donne son accord pour la diffusion de ce film en salle. Naturellement, ce film intense et dur a suscité un débat passionné dans l’Empire du Milieu. En conclusion, « The city of life & death », qui n’est pas encore sorti en France, est un chef d’œuvre monumental qu’il faut voir absolument.

NON
Clash (en compétition – catégorie Action)
Que dire sinon que ce film d’action vietnamien atteint des sommets dans l’accumulation de clichés éculés. Un scénario de plus qui met en scène des fusillades, des « bastons » et l’affrontement des gentils contre les méchants de services. Les premiers étant cependant un peu méchant, mais pas autant que les très méchants. L’équipe de « gentils» est composée du petit gros rigolo, d’un traitre en puissance et du petit protégé qui se feront « buter » rapidement. N’oublions pas le beau gosse ténébreux de service et peu loquace, qui va, Ô surprise, se révéler être un vrai gentil. Encore plus naturellement, la femme fatale qui dirige cette bande de pied nickelés, va tomber éperdument amoureuse de ce sombre héros, qui allume clope sur clope pour se donner des allures de « Bad boy ». Si vous avez un minimum d’intelligence, vous n’aurez rien à attendre de ce film pour adolescent boutonneux ou adulte immature. Par contre, si vous ne possédez que deux neurones, ce film devrait vous faire passer un bon moment…

COUP DE COEUR
The King of Jail breakers (en compétition)
Japon, fin des années 20. Masayuki Suzuki est un prisonnier qui s’échappe systématiquement de la prison dans laquelle il est incarcéré pour être repris sciemment et de nouveau réinterné. Un de ses geôliers est très intrigué par ces évasions et décide de percer le mystère de cet homme…
Comme son compatriote Matsumoto Hitoshi, Itsuji Itao est le réalisateur de ce film, et tient aussi le rôle principal en plus d’être lui aussi, une star de la TV japonaise.
Je me réjouissais à l’idée d’assister à la projection des aventures de ce « Houdini » Japonais. Je n’ai pas été déçu par ce film étrange et étonnant. C’est l’une des très bonne surprise du Festival de cette année, et il est bien dommage qu’aucun prix ne lui ait été décerné. Bien que les deux genres ici se côtoient, on ne sait pas très bien s’il faut classer cette œuvre surréaliste dans le registre de la comédie ou bien dans celui du drame, tellement certaines scènes sont « noires » et pesantes, alors que d’autres sont assez légères et drôles. Je pense notamment à la scène finale qui a déclenché dans la salle, un rire presque salvateur. Durant toute la durée de cette histoire jouissive, on se demande pourquoi cet homme, véritable anguille de l’univers carcéral, s’échappe à chaque fois de sa cellule et se laisse reprendre tout aussi facilement, trop facilement, par ses geôliers. Car une évidence se dessine au fur et à mesure : il s’échappe de sa cellule, non pas pour retrouver la liberté, mais pour mieux y retourner ! Cet homme énigmatique, muet pendant tout le film, ne nous apprendra rien de son étrange comportement, et de ses évasions hors du commun jusqu’au climax final ! Ce que j’aime avec le cinéma japonais, c’est qu’il est toujours inattendu. On ne sait jamais à quoi s’attendre, ni à quelle sauce nous allons être mangé. « The King of Jail Breakers » n’échappe pas à la règle. En conclusion, ce long-métrage est un très bon film rythmé, avec de belles séquences, bien interprété, avec une mention spéciale au jeu de Itsuji Itao qui réussit à occuper l’écran sans prononcer un traître mot de tout le film. A voir assurément.

OUI
Au revoir Tapeï (en compétition)
La plus grande librairie de Tapeï a un client étrange. Il n’achète jamais rien mais passe toutes ses nuits dans les rayons, feuilletant des manuels de français. Sa fiancée est partie vivre à Paris et il rêve de la rejoindre. Lorsqu’un vieux gangster lui propose un marché : un billet d’avion pour Paris en échange d’une « livraison spéciale »…
Parrainé par Wim Wenders, le premier film de Arvin Chen, ressemble à un film de gangsters qui en a le goût, mais qui est tout, sauf un film de gangsters ! « Au revoir Tapeï » est avant tout un film léger aux couleurs acidulées, habité par une bonne humeur et qui ne se prend pas du tout au sérieux. On suit les aventures de plusieurs personnages attachants, dont un trio de « voyous » habillés de smoking orange, qui sont plus proches des Pieds Nickelés que de véritables bandits. Le temps d’une nuit éclairée par les néons de la ville, les différents protagonistes joueront au jeu du chat et de la souris pour notre plus grand plaisir. Ce long-métrage bien rythmé est ponctué de moments vraiment drôles. Si c’est loin d’être un chef-d’œuvre, cette comédie sympathique communique une bonne humeur contagieuse. Peut-être, est-ce pour cette raison qu’il a reçu le Lotus du Jury.

OUI
Sawasdee Bangkok (hors-compétition)
A travers quatre court-métrages, quatre réalisateurs Thaïlandais portent un regard personnel sur Bangkok, la capitale de la Thaïlande.
Si ces quatre segments sont de qualité inégale, ils se laissent néanmoins apprécier. Ma préférence va à « Sightseeing » et à « Silence ». Dans le premier, il est question d’un mystérieux jeune homme qui se présente à une jeune fille aveugle. Cet homme qui affirme être un ange, offre à cette jeune aveugle de lui faire visiter la ville.
Quant au second, il narre l’aventure d’une femme issue de la bourgeoisie de Bangkok, dont la Mini Cooper va tomber en panne dans un lieu isolé à 2h00 du matin. C’est alors qu’un vagabond à l’allure inquiétante surgit du cœur de la nuit…
J’ai apprécié ces deux segments, car ils illustrent un humanisme qui se fait de plus en plus rare dans le cinéma contemporain. C’est bien dommage.

NON
Ghengdu, I love you (hors-compétition)
Deux histoires qui se déroulent dans la ville chinoise de Chengdu. Dans la première en 2029, une danseuse de samba veut exaucer deux souhaits : retrouver le garçon qui l’a sauvée lorsqu’elle était enfant et mettre la main sur l’homme qui a fait souffrir son cousin. Elle s’apercevra alors, que ces deux hommes ne font qu’un. Dans la deuxième qui se déroule en 1976, un excentrique enseigne à une jeune serveuse, la Voie du Thé à la façon d’un art martial.
Malgré de belles images et une référence aux arts martiaux, ces deux segments aux scénarios trop légers ne tiennent pas leurs promesses. D’une durée totale de 78 minutes, cette œuvre est pourtant longue, ennuyeuse et peine à aller jusqu’au bout. Fruit Chan qui est l’auteur du deuxième segment nous avait habitué à mieux avec « Nouvelle cuisine »…

Chers lecteurs de Maison-Hantee.com, je vous ai gardé le meilleur pour la fin. La seule œuvre du festival qui rentre véritablement dans le genre fantastique pour l’édition 2010. Un choc cinématographique. Et quel choc ! Le jury de l’édition 2009 du Festival de Cannes ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en lui décernant le Prix du Jury. En avant-première pour le Festival du cinéma Asiatique de Deauville, nous avons eu droit à la version longue de « Thirst », inédite en France, d’une durée de presque 2h30. Sortie du DVD et du Blu-Ray prévu normalement pour le 4 août 2010.

COUP DE COEUR / GENRE FANTASTIQUE
Thirst (hors-compétition)
Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie, mais une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour la jeune femme...
Âmes sensibles s’abstenir ! Ceux qui me connaissent savent que je suis très critique envers les films qui traitent des vampires. Seule, une très petite poignée, moins de dix parmi plus de deux cents cinquante films consacrés au mythe, ont une véritable valeur à mes yeux. C’est d’autant plus vrai actuellement que cette fâcheuse mode du vampire s’est installée. Une tendance qui met la créature à toutes les sauces. J’en veux pour preuve le très mièvre et très puritain « Twilight », où toute subversion est absente, et dont la seule place qu’il mérite devrait être la benne à ordures. Je trouve d’ailleurs honteux qu’on n’ait pas censuré cette bluette pour adolescente attardée, tellement elle est irrespectueuse envers le mythe du vampire. Si vous désirez que je vous maudisse pour l’éternité, avouez-moi que vous adorez « Twilight » et j’exaucerai votre vœu sur le champ sans aucun remord ! Si « Twilight » a déshonoré le mythe du vampire, « Thirst » lui redonne ses lettres de noblesse. Rien de moins que ça !
« Thirst, Ceci est mon sang », la nouvelle œuvre du Coréen Park Chan-Wook, auteur du fameux « Old Boy » risque de faire parler d’elle. Cette saisissante parabole autour de l’amour, la mort, la religion et la liberté est radicalement sombre. Dans un souffle macabre, ce ballet esthétique aussi noir que la nuit et aussi rouge que le sang, vous emporte dans un tourbillon fascinant et jouissif parce que totalement transgressif. Avec une fascination morbide, on suit la chute inexorable de ce prêtre déchiré entre ses pulsions sexuelles et ses principes religieux. Impossible de dominer ses propres désirs par sa nouvelle nature de vampire, celui-ci pêchera en s’engouffrant sur le chemin de la dépravation et du stupre avec la femme de son ami d’enfance, elle-même délaissée par ce dernier et humilié par sa belle famille. Il donnera sans retenue son âme au Diable. Dans un bain de sang et d’étreintes sensuelles, les deux amants se laisseront aller à leurs pulsions morbides. Pour profiter à satiété de sa dulcinée, le prêtre commettra un meurtre passionnel en assassinant le mari de la belle. La culpabilité de l’homme d’église le poussera ensuite à assassiner cette femme séduisante et vénéneuse, plus diabolique qu’angélique. Mais ses remords et ses pulsions le pousseront à lui redonner vie en lui offrant son sang. Mal lui en a pris, car la diablesse devenue vampire à son tour, dont la beauté n’a d’égal que la noirceur de son âme, se muera en une redoutable prédatrice assoiffée de sang, que seule la violence dominera et que la mort arrêtera. Voyant qu’il a enfanté là un monstre, ce prêtre défroqué empruntera le chemin de la rédemption dont l’issue sera tragique mais inéluctable.
Le virtuose Park Chan-Wook signe là une cérémonie funèbre sanglante et violente, mais non dénuée de poésie dont l’humour, un humour très noir comme je l’aime, est présent. La scène où l’héroïne tente de se protéger du rayonnement solaire en se cachant dans le coffre de la voiture, ou de s’enterrer sous cette même voiture est hilarante à mon goût. Notons aussi quelques scènes effrayantes qui ne sont pas des scènes vampiriques comme on pourrait s’y attendre, mais plutôt des scènes fantomatiques dont une diaboliquement effrayante : le fantôme du mari hilare, dont le visage est marqué par un rictus grimaçant, revient et se manifeste entre le couple maudit pendant qu’ils s’adonnent au plaisir de la chair. Ajoutez à cela que le réalisateur maîtrise parfaitement sa caméra qui délivre des images magnifiques, et vous comprendrez pourquoi « Thirst » est incontournable. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, chers amis…

Malheureusement, je ne pourrais pas vous donner mon avis sur les autres films projetés durant le festival, car je ne les ai pas vus. Il est mathématiquement impossible de voir toute la sélection. Je regrette simplement de ne pas avoir assisté à la projection de « Castaway on the moon » qui me semblait très intéressant, et du film en costume d’époque « Bodyguards and assassins ». Le premier parce que j’étais en tournage TV le jour de sa diffusion, et le second parce que les portes du cinéma furent closes pour cause de salle complète. Et ce, malgré mon précieux sésame, agité en vain devant l’affreux type de la sécurité qui m’a superbement ignoré. Qu’il soit maudit pendant sept générations ! Suite à cet incident, j’ai fabriqué une poupée vaudou à son effigie. A l’heure qu’il est, il agonise dans d’atroces souffrances…

Erick Fearson

1 commentaire:

Amaury a dit…

Enfin je peux à nouveau poster des commentaires. Les mots à recopier n'apparaissaient depuis plusieurs semaines et je ne pouvais plus en placer une.
Même si ce n'est plus d'actualité, j'ai pris un plaisir fou à te suivre dans ton marathon cinématographique à base d'expressos concentrés.