lundi 17 mars 2008

Les nouveaux enjeux de la littérature fantastique

En direct du Salon du Livre de Paris. Aujourd'hui, journée réservée aux professionnels. Moins de cohue, pas de mouvement de protestation (contre Israël, invité d'honneur de cette édition 2008), pas d'alerte à la bombe et d'évacuation dominicale (la mauvaise blague du week-end dernier...), plus d'espace, moins d'auteurs en dédicace mais plus de temps pour butiner et prendre le pouls de l'édition, sans perdre de vue notre chère thématique du fantastique.
Premier constat : la science-fiction, les fées, les monstres et autres créatures de l'imaginaire font la joie de la littérature jeunesse. Tous les éditeurs veulent leur "Harry Potter", leur "Seigneur des Anneaux", leur nouveau détective de l'étrange, et leurs histoires à faire peur ! C'est donc du côté des ados qu'il faut chercher le grand frisson.
Second constat : les graphistes font preuve d'une vraie créativité dans le design des couvertures. Titres énigmatiques et illustrations fantômatiques nous promettent mystères et chimères. Et parfois, c'est la déception à l'intérieur, notamment pour les livres illustrés. On voit alors fleurir des classiques qui s'habillent d'anciennes couvertures originales. Ou même des livres dédiés aux couvertures de livres ! Adieu citation "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse" ! Dans la production actuelle d'ouvrages fantastiques, le contenant dépasse souvent le contenu.
Troisième constat : l'édition fantastique indépendante reste toujours en grand danger ! Je suis heureux de retrouver Terre de Brume dans un petit coin de paradis (ou d'enfer ?) du stand Bretagne. Désormais seul aux commandes, Dominique Poisson continue à se battre contre les moulins de la grande distribution et des grandes maisons d'édition où publication rime avec pognon. D'après lui, le même manuscrit fantastique d'un auteur classique rapporte plus dans une réédition de poche d'un magnat de l'édition que dans la version plus travaillée d'une petite maison "artisanale". Que sont devenus les amoureux du beau papier et des belles collections qui subliment nos bibliothèques ? Sont-ils aussi les victimes du pouvoir d'achat ? Pour eux, Terre de Brume a pensé à une collection de petits recueils d'histoires fantastiques à 5 €, aussi soignés que les livres grand format, et qui, sous la direction de l'anthologiste Dominique Besançon, réhabilitent les contes de fantômes, de sirènes et korrigans, de légendes arthuriennes et autres folklores bretons.
Quatrième constat : Le manga gagne de plus en plus de terrain. Dommage : je déteste !
Cinquième constat : Le livre numérique, ou e-book, se développe à vitesse grand V. Au point d'y consacrer 500 m2 d'espace ! Mais aura-t-on vraiment envie de lire un "Dracula" ou un "ghost book" sur nos téléphones portables ?
Sixième constat : Largement plébiscitée par toutes les générations de lecteurs, la BD est devenue un territoire d'expression idéal pour mettre en scène des aventures fantastiques. Elle associe des dessinateurs et des auteurs de talent pour conjuger, avec délice, atmosphère et intrigue. On en redemande !
Le Salon du Livre de Paris reste donc l'événement incontournable pour prendre un bain de lettres et entrapercevoir l'avenir des littératures de l'imaginaire pour lesquelles on s'efforce de sensibiliser les jeunes générations.
Une piste sérieuse à creuser... O.V.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je fait tous les ans le salon du livre et personnellement je trouve que l'épouvante et le fantastique n'ont plus leurs places depuis longtemps et c'est bien dommage. Le stand Terre de Brûme est toujours aussi plaisant à visiter mais pour ce qui est de la littérature fantastique elle laisse la place au thriller (ésotérique est devenu à la mode depuis Dan Brown) et même les classiques de la littérature fantastique/horrifique sont devenues difficilement trouvables dans ce salon ou même les Fnacs, quel dommage.